Fülszöveg
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L'ART DES INDIENS D'AMERIQUE
Longtemps, le monde limité a l'Europe a vécu avec l'idée qu'il n'y avait pas de plus hautes valeurs artistiques que celles qu'il avait créées.
Mais déja au XVIIP siecle, les nombreuses expéditions des navigateurs anglais, russes et espagnols ont permis d'élargir l'horizon sans limite des hommes. Avec la découverte de terres nouvelles, c'était aussi celle d'autres civilisations, d'autres coutumes et, par conséquent, d'autres arts inconnus jusqu'alors. Le développement de la science et de la technique, l'expansion de l'aviation, de l'automobile, la généralisation du tourisme sous toutes ses formes, le journalisme écrit, la radio, la télévision ont rendu possible de prendre les dimensions exactes du monde dans lequel nous vivons. Et si bien des manifestations de l'activité des peuplés lointains nous paraissent encore étrangeres, mystérieuses ou inexplicables, la vérité s'impose néanmoins que nous ne sommes plus le nombril admiré et admirable du...
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L'ART DES INDIENS D'AMERIQUE
Longtemps, le monde limité a l'Europe a vécu avec l'idée qu'il n'y avait pas de plus hautes valeurs artistiques que celles qu'il avait créées.
Mais déja au XVIIP siecle, les nombreuses expéditions des navigateurs anglais, russes et espagnols ont permis d'élargir l'horizon sans limite des hommes. Avec la découverte de terres nouvelles, c'était aussi celle d'autres civilisations, d'autres coutumes et, par conséquent, d'autres arts inconnus jusqu'alors. Le développement de la science et de la technique, l'expansion de l'aviation, de l'automobile, la généralisation du tourisme sous toutes ses formes, le journalisme écrit, la radio, la télévision ont rendu possible de prendre les dimensions exactes du monde dans lequel nous vivons. Et si bien des manifestations de l'activité des peuplés lointains nous paraissent encore étrangeres, mystérieuses ou inexplicables, la vérité s'impose néanmoins que nous ne sommes plus le nombril admiré et admirable du monde. D'autres valeurs existent et bien téméraires seraient ceux qui s'aviseraient d'en établir la hiérarchie. L'art a cessé d'avoir besoin de justifications. Il est ou il n'est pas. Et il vit singulierement quand il s'agit d'un art appelé fâcheusement «primitif». Bien sur c'est un terme employé par abus. Pourquoi primitif? Parce qu'il a gardé toutes ses vertus d'authenticité, de vérité, parce qu'il a maintenu un contact direct avec le milieu naturel d'ou il est issu.
Un art qui donne chair et vie au moindre objet visuel, un art qui possede au plus haut degré le don du réalisme, un art qui rejette toute sophistication, profondément enraciné dans la vie et qui en donne toute la saveur, toute la fraîcheur, un art qui tonifie tout ce qu'il touche, un art qui exalte avec simplicité et naturel toutes les virtualités humaines, un art qui est un savoir-vivre, un tel art n'est pas primitif. Au contraire.
Certes, comme tout ce qui tient a l'activité des hommes, il est transitoire, se modifiant, se transformant au gré des conditions techniques et matérielles. Mais n'a-t-il pas des racines assez profondes pour survivre au changement ? Et surtout les fruits humanistes, communs a tous, qu'il a produits cessent-ils pour autant d'exhaler leur bienveillant parfum?
Longtemps, on a contesté la notion d' «art » a des créations dépendant d'une organisation collective, elle-meme liée a toute une tradition religieuse. Les recherches, remarquables par ailleurs, des ethnologues, axées trop exclusivement sur la structure des sociétés primitives, ont caché les trésors d'un univers esthétique remarquable. Certes les mythes, les rituels rigides, la magie ou la médecine ont joué un rôle essentiel, mais les artistes qui ont livré a notre admiration les richesses de leurs créations plastiques ne l'ont pas fait passivement, en suivant aveuglément des rites immuables.
Depuis que les ouvres générales sur l'art des populations d'Asie, d'Afrique, d'Océanie ou d'Amérique (c'est l'immense majorité de la population) se sont largement
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propagées, on s'est aperçu que cet art, s'il possede certains traits communs, est extremement diversifié. C'est un art au service de tous, compréhensible de tous. Il n'est pas destiné a l'origine a etre mis sous vitrine lourdement cadenassée. Il n'y a pas la notion occidentale de sa mise en valeur. Il circule quotidiennement sous forme d'objet usuel. Qu'il s'agisse de figures de proue sculptées sur des bateaux de peche, de masques, de coiffures pour cérémonies d'initiation ou pour servir de couvre-chef des guerriers, des chasseurs. Tout est prétexte, plus, tout est la raison de chefs-d'ouvre: crécelles, harpons, plats, boîtes ou coffres. Rien n'arrete l'activité créatrice, aucun interdit concernant le style pourvu qu'il s'incorpore a l'objet et ce sont nos yeux qui y découvrent le baroque, le naturalisme, le schématisme voire l'abstrait ou le figuratif expressionniste. L'art n'est pas éloigné des hommes, du milieu social dans lequel il a germé et s'est exprimé; s'il a une telle valeur exceptionnelle, c'est qu'il est non seulement le résultat d'une virtuosité individuelle, mais l'expression d'une sensibilité collective. Cela n'exclut pas, au contraire, le savoir-faire, la spécialisation des artistes ou des sculpteurs. Les meilleurs d'entre eux gravent les totems, ils connaissent la propriété de chaque bois dont ils se servent et choisissent soigneusement le matériau en fonction de l'objet a sculpter au point que celui-ci est immédiatement défini selon qu'on aura employé !e cedre rouge ou jaune, l'if, l'érable ou le sapin. Les Indiens d'Amérique utilisaient, quant a eux, des outils de pierre, des coquillages, des dents de castor fixées sur des manches de bois. Cette technologie rudi-mentaire n'a pas empeché la production de nombreux chefs-d'ouvre. L'introduction par la suite d'instruments en métal n'a pas été un facteur d'épanouissement de leur art, mais doit etre considérée davantage comme un stimulant pour répandre sur le marché un plus grand nombre d'objets ouvragés et sculptés. Les Indiens d'Amérique étaient tellement fideles a leurs traditions que lorsqu'ils eurent entre les mains des haches ou des couteaux - outils plus perfectionnés - ils s'empresserent de les façonner en leur donnant la forme ancienne a laquelle ils restaient obstinément attachés. Les EDITIONS CERCLE D'ART en procédant a une seconde édition de VAn des Indiens d'Amérique qui maintient le renom de la collection Arts inconnus ou méconnus permettent au lecteur de prendre la mesure véritable du monde.
Du fond des âges, des milliers d'artistes anonymes émergent pour offrir a notre admiration les chefs-d'ouvre qu'ils ont gravés, tissés, peints ou sculptés a travers les continents.
Si ces ouvres nous indiquent une plus juste évaluation des notions acquises, elles nous montrent en meme temps l'effort inlassable et commun a tous les peuples de bâtir une humanité plus riche, plus complexe a la mesure de leurs ambitions et de leurs reves.
Vissza